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L’itinérance et l’accessibilité aux lunettes

itinérance

La question de l’accessibilité a toujours été centrale au Bonhomme à lunettes. C’est d’ailleurs écrit noir sur blanc dans notre mission : « rendre l’achat de lunettes accessible à tous ». Alors, quand une étude sur l’itinérance est l’accessibilité aux lunettes est publiée dans le magazine Optik, cela va nécessairement nous intéresser. Encore plus quand l’autrice s’adonne à être une collègue.

Julie Chiasson est opticienne au Bonhomme depuis 2024. Après une belle et longue carrière en restauration, sa réorientation a débuté avec un retour sur les bancs d’école pour obtenir son diplôme en Optique et lunetterie. Dans le cadre de ses études, elle a remporté la première place des Prix étudiants de l’Association pour la recherche au collégial en 2022. Sa revue de littérature scientifique, qui portait sur l’accessibilité aux orthèses visuelles par les personnes en situation d’itinérance, s’est par la suite transformée en recherche grâce au soutien du bureau de la recherche du Cégep Édouard-Montpetit.

In collaboration with l’Abri de la Rive-Sud, Julie a pu rencontrer des personnes en situation d’itinérance ayant des lunettes ou se disant insatisfaite de la qualité de leur vision.

Troubles visuels : les gens en situation d’itinérance surreprésentés

Comme l’a souligné Benoit Tousignant de l’Université de Montréal, les troubles visuels sont plus fréquents chez les personnes en situation d’itinérance. En effet, ici même à Montréal, près de 25 % des personnes en situation d’itinérance ont une acuité visuelle déficiente (6/12) comparativement à seulement 6 % dans la population générale. Avec des troubles visuels de la sorte, difficile de réaliser des tâches quotidiennes que plusieurs d’entre nous prennent pour acquises.

L’accessibilité aux lunettes : une clé pour la réinsertion

Ce n’est donc pas un hasard si Julie a pu constater que 85 % des personnes rencontrées lors de l’étude ont mentionné que leurs problèmes de vision étaient nuisibles au quotidien. De plus, seulement une personne interrogée sur deux possédait une paire de lunettes. Avoir une bonne vision, c’est la base. Pourtant, beaucoup trop gens en situation d’itinérance prennent la décision de « vivre avec » leurs troubles visuels. Il s’agit d’un problème majeur. Difficile de parler de réinsertion quand quelqu’un a de la difficulté à voir correctement. Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que 55 % des répondants estiment que la qualité de leur vision nuirait à un retour au travail.

Des pistes de solution existantes

Quand on leur demande, une majorité des répondants (60 %) estiment qu’il est difficile pour eux d’acheter des lunettes de prescription. Les obstacles liés prix des lunettes (42 %), au prix de l’examen de la vue (33 %) viennent en tête de liste. Il est aussi important de noter que 41,7 % des répondants bénéficiaires de l’aide sociale ne savaient pas qu’il existe un programme de soutien financier pour l’achat de lunettes.

Face à ces constats, nous proposons un petit guide des solutions déjà existantes :

Examen de la vue

L’achat de lunettes

  • Les bénéficiaires d’aide sociale peuvent faire l’achat d’une paire de lunettes aux deux ans. Au Bonhomme à lunettes, cela veut dire une paire de base pour seulement 10 $ parce que nos prix sont basés sur la charte de remboursement de l’aide sociale. Il faut cependant commander un formulaire par téléphone
  • Il existe aussi d’autres programmes pour obtenir des lunettes à bas prix pour les kids, immigrants, autochtones ainsi que la curatelle publique
  • Au Bonhomme, nos prix de base sont les mêmes depuis 2007 justement parce que l’accessibilité est une priorité. De plus, on ne laisse personne partir sans lunettes s’il s’agit uniquement d’une question d’argent. On préfère de loin régler des problèmes et ne pas faire de profit plutôt que de laisser quelqu’un « vivre avec » ses problèmes visuels

D’autres solutions sont possibles

L’étude de Julie laisse aussi entrevoir d’autres possibilités pour la suite. Du côté gouvernemental, une simplification des procédures de l’aide sociale viendrait sans aucun doute contribuer à l’accessibilité des orthèses visuelles. Du côté des opticiens, une meilleure communication et des services mieux adaptés aux clientèles vulnérables pourraient aussi avoir un impact positif.

Avant même de se joindre à nous, Julie Chiasson faisait déjà œuvre utile grâce à sa recherche. C’est donc un plaisir de pouvoir compter sur son expertise, mais aussi sur son dévouement quant à l’accessibilité des lunettes. Les témoignages et les données recueillis permettent de constater qu’il reste encore de travail à faire…

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