Quelque part au printemps 2007, je faisais du bénévolat au YMCA d’Hochelaga-Maisonneuve. Pour les aider avec une levée de fonds, j’ai décidé d’y vendre des lunettes. C’est là que le Bonhomme à lunettes est né. Puis, au fil des semaines et des mois, d’autres organismes sont venus se greffer à l’initiative et c’est tranquillement devenu un gagne-pain qui me permettait d’en faire juste assez pour lâcher mes deux jobs à temps partiel.
Puis, grâce au bouche-à-oreille et au dynamisme du milieu communautaire montréalais, de plus en plus de gens sont venus me rencontrer dans les organismes qui m’accueillaient. Des gens qui avaient soit l’impression de ne pas avoir les moyens de s’acheter des lunettes, ou qui avaient à faire des choix budgétaires déchirants pour être en mesure de voir clair. J’avais déjà rencontré plusieurs de ces clients lorsque je travaillais pour de grandes chaînes. Je les ai vus se raidir quand ils devaient acheter des lunettes à crédit sans trop savoir comment ils boucleraient le reste du mois. J’en ai vu aussi secouer la tête quand on leur proposait un « plan de paiement simple en plusieurs versements ». J’en ai même vu quitter bredouille parce que les lunettes les moins chères n’étaient tout simplement pas accessibles pour eux. Ce sont ces expériences qui m’ont motivé à fonder une entreprise avec pour mission de rendre l’achat de lunettes accessible à tous. Une entreprise avec une utilité sociale. Je me suis lancé sans plan d’affaires, mais avec l’intuition qu’en mettant l’accessibilité au cœur de mon entreprise, je ferais des heureux. Comme je le répète depuis une décennie et demie maintenant : voir clair, ce n’est pas un luxe.
15 ans plus tard
Le Bonhomme à lunettes c’est 32 employés totalisant un minimum de 375 années d’expérience, plus de 60 points de service un peu partout dans le sud du Québec, plus de 100 000 lunettes vendues et 1 million de dollars remis à environ 150 organismes communautaires partenaires. Sans oublier un prix de l’Association de la santé publique du Québec, un partenariat avec le Conseil Cri de la Baie James, une recommandation du magazine Protégez-Vous ainsi qu’une mention à l’Assemblée nationale du Québec.
Je tiens à remercier nos clients qui croient en nous, mes collègues qui croient à notre modèle d’affaires ainsi que tous les intervenants communautaires qui ont cru, et qui croient encore en mon idée d’opticien qui est aussi une ressource communautaire agissant comme un filet social. C’est grâce à vous si cette idée originale est devenue un tel succès qui dépasse tout ce que j’ai pu m’imaginer lorsque j’ai acheté mes premières valises et mes premiers outils.
La suite
On me demande parfois quels sont nos plans pour le futur. Notre objectif principal est simple : conserver les prix de base au même niveau qu’il y a 15 ans tout en maintenant des standards de qualité élevés pour les produits et le service. Pas toujours facile quand tout augmente chaque mois au presque, mais c’est ce que je nous souhaite pour notre 20e anniversaire. D’ici là, nous continuerons à collaborer avec enthousiasme avec le milieu communautaire qui est de plus en plus sollicité alors que les écarts de richesse eux aussi ont l’air d’augmenter à chaque mois qui passe. Quant à vous chers clients, sachez que nous allons continuer à arrimer vos besoins visuels à vos moyens financiers. Ça fait partie de notre ADN, et nous n’avons pas du tout l’intention de changer.
Merci du fond du cœur,
Philippe Rochette et toute l’équipe du Bonhomme à lunettes
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