Depuis quelques années, on entend beaucoup parler des verres à défocalisation périphérique ( Myosmart, Myovision, Stellest, etc) dans le domaine de l’optique. Ces verres seraient une sorte de solution miracle contre la myopie. Décryptons le fonctionnement de ces verres en commençant par une donnée qui va vous ouvrir les yeux (ha !) :
- Entre 30 à 40 % de la population mondiale est myope
- On estime que ce total passera à 50 % en 2050
Si médicalement, c’est un problème d’envergure, économiquement, il s’agit d’un marché d’envergure ! Pas surprenant qu’on se bouscule aux portes avec de nouvelles technologies!
Les verres de gestion de la myopie, c’est quoi ?
On parle d’une technologie qui viendrait ralentir la myopie en se basant sur l’hypothèse suivante : avec des verres de correction classique, l’image centrale est bien centrée sur la rétine. L’image périphérique, quant à elle, se retrouve derrière la rétine. Ainsi, l’œil « voudrait » s’agrandir pour pallier à ce flou induit. Ces verres viendraient donc corriger le décalage de l’image périphérique pour la positionner correctement sur la rétine, ce qui fait que l’œil n’aurait plus besoin de s’allonger.
Et les résultats ?
À vrai dire, on ne sait pas encore.
Arrêtez-nous si vous avez déjà entendu ça quelque part, mais la médecine, comme toutes les sciences, doit d’être basée sur des preuves. Le problème, c’est que la preuve scientifique dont nous disposons n’est pour le moment pas suffisante pour affirmer qu’il existe bel et bien un lien entre cette technologie et un quelconque ralentissement la myopie.
Il y a bien quelques études qualifiées de « prometteuses », mais leur méthodologie, elle, est plutôt bidon. Certaines études plus sérieuses sont en cours, mais nous n’avons malheureusement toujours pas de résultats concrets au moment de la publication de ce billet.
Nos doutes
Et si c’était tout simplement parce que l’hypothèse de départ ne tient pas la route ? Un peu comme si on disait que si on achète une chaussure trop grande, le pied va grandir pour combler le trou ? Comme dans le cas de la lumière bleue, il ne faut pas sous-estimer le « pouvoir de persuasion » de certains verriers souhaitant s’attaquer à cette immense part de marché.
Mais que faire alors pour combattre la myopie ?
On vous l’a déjà dit : aller dehors ! Plusieurs études suggèrent qu’une activité extérieure quotidienne peut ralentir la progression de la myopie. Certains pays d’Asie ont d’ailleurs mis en place des pauses extérieures « anti-myopique » pour les écoliers. De cette façon, les efforts d’accommodation liés à la vision de près sont réduits.
Le seul problème, d’un point de vue marketing, c’est que cette solution est gratuite.
Certaines études testent aussi depuis longtemps des verres bifocaux ou dotés d’un prisme pour réduire l’accommodation en vision de près. Dans cette lignée, la pratique classique suggère encore aux enfants et adolescents qui voient leur myopie augmenter rapidement de continuer à porter les paires précédentes (donc moins fortes et demandant moins d’accommodation) lorsqu’ils le peuvent, c’est-à-dire en vision de près.
Le seul problème, d’un point de vue marketing, c’est que ça ne fait pas consommer davantage.
Conclusion
L’industrie de l’optique n’en est pas à son premier coup d’essai pour tenter de ralentir la progression de la myopie : verres bifocaux/progressifs, antifatigue, atropine, lentilles rigides, sous correction de la myopie. Toutes ces solutions furent, à un moment ou un autre, présentées comme LA solution miracle. Pourtant, à ce jour, les résultats demeurent mitigés.
Voilà pourquoi nous avons tendance à être prudent quand une nouvelle solution fait son apparition sur nos radars. Notre philosophie est la suivante : attendons des résultats concrets. On ne pourra que se réjouir si un jour les verres à contrôle myopique se révèlent être LA solution pour ralentir la myopie. Mais d’ici là, on se garde une petite gêne, question de ne pas faire dépenser nos clients pour rien.